Un ours, c'est à la base un animal sauvage. Malgré sa fourrure et sa rondeur qui lui donnent un aspect attendrissant, il est aussi muni de redoutables griffes et de crocs puissants.
Il a fortement marqué certaines cultures, probablement de par sa ressemblance avec l'homme, avec qui il partage la position debout.
On peut évoquer aussi l'ours danseur des montreurs d'ours ambulants. Cette
tradition est toujours très vivante en
Inde, par exemple, malgré le combat que mènent les organisations
protectrices des animaux.
Mais aujourd'hui (et ce d'autant plus avec la disparition des derniers ours des Pyrénées), pour tout un chacun, l'ours est un animal que l'on ne voit qu'au zoo ou à la télé, à l'abri du danger. On ne retient donc que son côté pelucheux, maladroit, attendrissant, et on oublie sa sauvagerie.
L'ourson semble encore moins impressionnant que les animaux adultes. C'est plutôt à lui que l'ours en peluche se réfère (alors que les premiers ours mécaniques, les ours sculptés en bois ou les totems représentent souvent des ours adultes, très naturalistes).
C'est d'ailleurs un ourson que Roosevelt aurait épargné lors d'une chasse, donnant ainsi son surnom à l'ours en peluche anglais, le "Teddy Bear". La légende, en tout cas, a finalement choisi l'ourson plutôt qu'un vieil animal, pourtant également cité dans les premiers compte-rendus de cet épisode.
L'ours, transformé en jouet en peluche au début du vingtième siècle, se fait le confident des petits garçons à qui on ne donne pas de poupées.
Celles-ci existent depuis des millénaires mais, qu'elles représentent des femmes adultes ou des enfants, elles sont à cette époque surtout censées préparer la petite fille à son avenir.
L'ours a l'avantage, grâce à sa peluche de mohair, d'être doux à embrasser, même si au début du siècle, il est encore, un peu dur et lourd. Les garçons comme les fillettes y trouvent la tendresse dont ils ont besoin, principalement quand ils sont tout petits.
Plus tard, les traits des nounours s'arrondissent (et prennent un aspect encore plus enfantin), le rembourrage devient plus souple, et devient un véritable doudou que l'on serre contre soi pour mieux s'endormir.
Le doudou a été analysé sous le nom "d'objet transitionnel" par le psychologue Winnicott. Ce jouet particulièrement investi par l'enfant, unique et irremplaçable, compenserait l'absence de la mère en en devenant un substitut.
L'importance de l'odeur, qui entraine le refus de l'enfant de le laver, ainsi que la catastrophe que constitue la perte du doudou, sont des signes de ce phénomène à la forte résonnance affective.
Si tous les doudous ne sont pas des ours (il peut s'agir d'autres peluches ou d'un foulard, d'une couche...), ce dernier a cependant une place bien particulière dans l'univers ludique et affectif des petits.
Les publicitaires, d'ailleurs, évoquent souvent la tendresse, la confiance ou l'enfance à l'aide d'un nounours.
L'ours reste donc un animal à part, symbole de l'enfance, symbole de la douceur. Qu'il soit animal ou jouet en peluche, c'est probablement cela qui nous attendrit.
Pour une étude en profondeur, consultez La double vie des Nounours réalisé par Stanislas Jun.
Ecrit par Laurence Veron
Publié en Mai 2000